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Il est clair que certains ne comprendraient pas qu’on puisse parler autant de cheveux et qu’on ait beaucoup de choses à dire à ce sujet. Ce serait sans savoir que dans la « communauté » afro-antillaise (je n’aime pas ce terme car ça donne l’impression de parler de clan, ce qui n’est pas le cas), les cheveux revêtent un aspect socioculturel important.
Pourquoi parler de cheveux?
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Pour une femme, la chevelure est atout féminin qu’elle néglige rarement.
Nous avons toutes, en tant que femme, un rapport particulier à nos cheveux. Soit on ne les aime pas (ce qui n’a jamais été mon cas), soit on veut la texture de cheveux de la copine, soit on les trouve trop courts, trop noirs, pas assez clairs, trop cassants… Bref, rarement contentes!
Il faut dire que chez la femme noire et métissée, du fait de son histoire, du milieu dans lequel elle vit et de son contact avec la société moderne qui fait l’éloge du lisse _ alors que les siens sont à l’opposé du lisse_ ses cheveux sont encore plus particulier selon elle et elle y consacre beaucoup plus de temps et beaucoup plus d’argent que n’importe quelle autre type de femmes.
C’est pourquoi, dans la blogosphère afro-antillaire, vous lirez souvent des articles dont le sujet est « mon parcours capillaire ».
Voici le mien.
Mon enfance et adolescence
Bien entendu, mon parcours capillaire commence à la naissance.
Comme chez beaucoup d’enfants noirs dont l’adn contient des traces de métissages, même lointain, je suis née les cheveux lisses, avec beaucoup de cheveux, qui se sont mis rapidement à boucler dans les semaines qui ont suivies ma naissance puis à crêper. Voilà pour le tout début.
Sans surprise, sachez que mes cheveux sont crépus et pas un peu. Je crois qu’il n’y a pas plus crépus.
Selon une classification du cheveux, que je n’aime pas beaucoup, mais qui reste la référence pour tout le monde maintenant, mes cheveux sont de type 4C… Je m’amuse même à dire 4Z.
Petite, quand j’avais des poux, ma mère n’hésitait pas à me raser les cheveux telle un garçon. Et quand mes cheveux sont aussi courts, ils forment des boucles semblables à des grains de poivres. D’où l’expression aux Antilles de cheveux grainés.
Disons plutôt que certaines femmes ont les cheveux qui forment de grosses boucles de diamètre infini (=cheveux lisses), ou des boucles de 5cm de diamètre ou 3 ou 2 ou 1cm de diamètre… etc. Mes boucles font 3 millimètres de diamètre!
À la base, mes cheveux sont tellement crépus que même ma mère disait de moi que j’avais des cheveux de garçon.
Ce qui m’amène à parler des commentaires négatifs que je recevais avec des cheveux crépus comme les miens.
Commentaires négatifs
Ce qui est curieux (pas tant que ça quand on se souvient de l’Histoire…), les personnes qui me faisaient le plus de commentaires négatifs sur mes cheveux crépus étaient les noirs eux-même.
Cela commence en général dans la famille même, avec le terme dit sans méchanceté aucune de la part de ma maman « les cheveux de garçon ».
Lorsque je portais mes cheveux libres, le peu de copine noires ou métisses que j’avais ne voulaient même plus rester avec moi, ayant honte de mes cheveux.
Mes tantes, ma mère et même mon père me demandaient de me coiffer aussitôt lorsque je venais à peine d’enlever mes tresses.
Des connaissances noires et métissées se moquaient en me demandant si je n’avais pas assez d’argent pour aller chez la coiffeuse ou me payer un défrisant.
Ce qui était bizarre c’est que moi j’acceptais mes cheveux crépus et je ne les cachais pas. D’où la multitude de commentaires que j’ai pu recevoir. Cela ne m’a jamais sapé le moral ni même incité à sauter sur une boite de défrisant.
Et le plus paradoxal là dedans, c’est que ce sont les « blanches » qui étaient fans de mes cheveux et me disaient à quel point elles aimeraient avoir les mêmes. Bon, je pense que c’était un peu exagéré voire hypocrite mais le contraste était saisissant.
La conclusion est sans équivoque: les noirs n’aiment pas leur cheveux.
Mais je ne peux en vouloir à personne. En matière de beauté à l’époque et maintenant toujours, c’est l’apologie du bouclé ou du lisse, très lisse. Alors quand on a les cheveux à l’opposé, les temps peuvent être difficiles. Pas pour moi qui ai toujours eu un très fort caractère… tout en douceur.
Ce que je trouvais triste, c’est que tant de femmes n’aiment pas leur cheveux et ne savaient même plus ce à quoi ressemblait les cheveux.
J’ai même une amie noire qui en se moquant de moi me disait: « Mais c’est quoi ces cheveux là. Ils sont tous bizarre ». Une NOIRE noire! Je lui dit alors un peu bouche-bée de tant d’ignorance : « Mais tu sais que si tu arrêtes le défrisage tu as les mêmes? » Et là, consternation de sa part: « Ah bon?! Ah peut-être… Ça fait tellement de temps que je fais des défrisants que je ne sais plus à quoi ressemble mes cheveux ».
Le constat était amère. Comment peut-on être autant aliéné? Je n’aime pas ce terme non plus car je ne suis en rien une activiste nappy mais c’est ce que j’ai ressenti à ce moment.
Pourquoi vouloir effacer à ce point ce que la nature nous a donné?
J’avais un peu l’impression d’être seule contre tous. Mais je savais que je n’étais pas bizarre car je restais telle que la nature m’avait faite et j’aimais cela.
Tous ces commentaires négatifs ne m’ont pas empêcher d’aimer mes cheveux.
Pourquoi j’aimais et j’aime mes cheveux crépus?
Parce qu’on peut tout faire avec!
Enfant, dès qu’on me défaisait les tresses avec rajouts je leur donnais toutes les formes. Je fais des afros, ou des faux-bob ou la coupe à la « voyage-voyage » (vieille chanson des années ’80 avec une blonde à la coupe de Will Smith dans le Prince de Bel Air)…
Bref, je m’amusais beaucoup avec mes cheveux.
Mes coiffures d’enfant et d’adolescente
Ma mère passait du temps à prendre soin de nos cheveux et à les coiffer régulièrement. Ce qui lui valait de nombreux compliments à propos de nos coiffes.
Petites, on faisait les petites tresses au fil. Et quand les cheveux devenaient long, elles faisaient les ponts. On a eu droit aux bantu knots, aux nattes collées…etc. En somme, j’ai porté toutes les coiffures africaines. Ma mère ayant 4 filles, elles se faisaient plaisir. Tout du moins au début.
A la maison, il ne fallait pas espérer ou demander de porter des extensions avant l’âge de 12 ans. J’y ai eu droit à 11 ans de mémoire car j’ai du insister auprès de ma mère.
Je ne vous parle même pas du défrisage que mes grandes soeurs réclamaient et qui étaient interdit avant le bac!
Ces règles avaient pour but de protéger nos cheveux et de ne pas faire trop femme avant l’heure.
Ma période défrisage
Malgré mon amour pour mes cheveux naturels, j’ai défrisé mes cheveux pour la première fois l’été après le bac. A vrai dire, ma mère m’a défrisé les cheveux.
Perso, je ne voulais pas et j’ai même un peu lutté pour y échapper. En vain.
Je voyais ce que ça donnait sur mes soeurs: cheveux lisses et plats, qu’elles attachaient souvent en queue de rat. Rien qui ne me donnait envie.
Ma mère m’a donc défrisé les cheveux, elle-même, pour la simple et bonne raison que j’entrais en classe préparatoire, je devais me concentrer sur mes études et qu’elle n’aurait plus eu le temps de s’occuper de mes cheveux. Le plus simple selon elle et le plus facile était que je me défrise les cheveux.
La séance de défrisage en elle-même était caucasse. Il n’y en a eu que 2 ou 3 dans ma vie donc je m’en souviendrai toujours. Dès que ma mère a eu fini de poser le défrisant, je voulais l’enlever. Je commençais à dire que ça me piquait, ça me faisait peur. On a donc rincé la crème au bout de 10 minutes même pas. Au final, le résultat était celui d’un texturisant. Mes cheveux étaient juste passés d’un 4C à un 4A ou 3C et me tombaient sur les épaules. C’était super. J’aimais le résultat. Je n’avais jamais vu mes cheveux ainsi.
Mais pour ma mère, c’était un raté car les cheveux n’étaient pas lisses. Elle m’en voulait d’avoir gâché un pack de défrisage . Pour elle, il fallait recommencer. C’est ce qu’on a fait 2 semaines après.
Inutile de vous dire comment étaient mes cheveux après cela.
J’étais dégoutée de me retrouver avec les mêmes cheveux lisses et plats que mes soeurs. Et non, je n’ai pas échappé à la fameuse queue de rat. Je n’ai plus refait de défricsage depuis car cela confortait l’idée que ce n’était vraiment pas pour moi.
Ces 2 fois m’ont suffit pour toute ma vie et m’ont convaincu que je ne voulais pas cela.
Ma période défricsage fut donc courte: 2 défrisages seulement et un an après, je coupais mes cheveux défrisés.
C’est à partir de ce moment là que j’ai commencé à chercher sur la toile des informations pour pouvoir garder et porter mes cheveux naturels et sans faire de rajouts. C’était il y a 16 ans.
Le phénomène Nappy
C’est en faisant des recherches dans ce but que je suis tombée sur ce qui était en fait les balbutiements du phénomène nappy: comprenez « natural and happy ».
C’est le site Blackjewels, fermé depuis, et le seul à l’époque, qui proposait l’alternative. Nous étions de nombreuses femmes, la plupart antillaises au début, sur un forum d’entraide. On partageait des photos de notre chevelure sur le site hébergeur Fotki pour s’encourager et trouver l’inspiration.
Je dois dire que je n’ai pas porté mes cheveux libres du jours au lendemain.
je portais des rajouts, ce qui commençait à abimer un peu plus mes cheveux aux niveau des tempes.
Mais les forums m’ont permis de voir que je n’étais pas seule dans ce cas.
Me concernant, je voulais juste prendre soin de mes cheveux et avoir des infos pour m’aider au quotidien. Certains sur les forums ont pris cela de manière activiste, dénigrant celles qui se défrisent les cheveux…etc.
Personnellement, ce n’est pas mon combat.
Moi ce qui me plaît et ce qui me va ce sont mes cheveux crépus. Point.
La pseudo idéologie qui va avec ce n’est pas pour moi.
C’est ainsi qu’au fur et à mesure de mes recherches et de mes essais, j’ai engrangé un maximum de savoir. C’était facile pour moi car j’aime vraiment mes cheveux naturels.
J’ai testé pas mal de choses et j’aime en tester encore.
J’ai fait des faux-pas qui m’ont valu de repartir de zéro quasiment.
Et bizarrement, avant même que ce soit la mode du cheveux afros, les mêmes personnes qui critiquaient mes cheveux commençaient à les trouver beaux, notamment car ils gagnaient en longueur. Les gens s’étonnaient de leur longueur, qui n’est toujours pas extraordinaires, mais « pour une noire » comme les gens disent…
Les femmes de ma famille commençaient à me demander des conseils, les produits que j’utilisais…
J’étais contente car j’avais réussi à montrer aux femmes noires de mon entourage que le cheveux crépus peut être beau.
Mes soeurs qui ne juraient que par le défrisage ont arrêté en voyant ma chevelure prendre en longueur et être portée naturellement au quotidien.
Je dois avouer que j’ai porté longtemps des tresses avec rajouts.
Cela fait depuis 6 ans que je n’en porte quasiment plus. Ca doit arriver 2 fois par an maintenant.
Désormais, je ne porte QUE mes cheveux, dans leur état le plus naturel. Je fais des vanilles (sans extensions), des chignons son serrés et parfois je laisse libres.
À savoir que les tissages ne sont pas pour moi non plus. j’en ai fait en tout est pour tout 3 ou 4. Mais à chaque fois pour moi, cela fait vraiment trop faux…
Encouragements
Si vous êtes au début de votre aventure capillaire, ne lâchez rien si c’est ainsi que vous souhaitez porter vos cheveux.
Trouvez l’inspiration auprès de femmes qui peuvent ont le même type de cheveux que vous.
Pour plus d’images de ma chevelure à travers le temps, consultez mon article sur Mon évolution capillaire en image.
J’ai eu besoin d’inspiration à certains moments ( à l’époque je rêvais sur les chevelure des nappies afro-américaines) pour me dire que c’était possible. Et je m’étonne aujourd’hui d’être pour certaines, à mon niveau, une inspiration.
Maintenant qu’il y a de plus en plus de nappies, internet est devenue une mine d’informations pour vous aider au quotidien.
Encore une fois je n’ai rien contre celles qui se défrisent les cheveux. Chacun fait comme il veut. Je ne suis pas une activiste nappy qui essaie tout le monde qu’elle croise de faire un big chop. Mais si vous avez besoin de conseils, c’est avec plaisir que je vous en donnerais.
Sachez donc que c’est possible d’avoir les cheveux naturels dans ce monde qui prône le lisse.
Niangalement,
Léna